Eduquer un chiot, ou un chien est, je trouve, quelque chose de passionnant.
Cela permet de créer des liens, de la confiance. Partager des jeux, des moments de complicité.
Avec des bonnes méthodes et une bonne approche (éducation positive), généralement, tout se passe bien. 🙂
Mais parfois, les choses dérapent…
Et échappent alors au contrôle des maîtres, pourtant, souvent, bourrés de bonnes intentions.
La relation « humain/chien » n’est pas aussi belle que prévue. Qu’elle devrait être. Ou qu’elle deviendra. Ou qu’elle redeviendra. 🙂
Et alors, l’éducation du canidé se transforme en rééducation canine.
Là, généralement, la situation se corse un peu…
Pour trouver rapidement des solutions, les maîtres auront très probablement besoin de recourir à un éducateur canin comportementaliste.
Après un bilan personnalisé du chien (et de la relation maître/toutou), il pourra vous proposer des solutions de rééducation personnalisées.
Mais en attendant, je vous invite à prendre quelques instants pour découvrir cet article. Et en apprendre davantage sur la rééducation de nos canidés !
Belle lecture !
Au fait, la rééducation canine, c’est quoi ?
Nous venons déjà, rapidement, d’aborder ce thème.
Nous allons y revenir davantage, bien sûr… Nos canidés le valent bien ! 😉
Prenons un exemple précis, juste pour bien comprendre.
Imaginons un couple, Xavier et Géraldine, qui vient d’adopter Billy, un magnifique chiot Berger Australien de tout juste 2 mois.
Xavier et Géraldine sont complètement gagas de la petite boule de poils qu’est Billy !
Ils ont bien préparé son arrivée. Ils ont du temps libre. Ils ont prévu son lieu de couchage, ses gamelles (eau + nourriture), des jouets…
Bref, tout a été bien anticipé pour accueillir parfaitement ce nouveau petit canidé.
Et bien sûr, ils ont beaucoup cogité à l’éducation de Billy. Ils se sont bien renseignés, ont déjà lu plusieurs livres d’éducation canine. Ont contacté plusieurs éducateurs canins.
Ils ont finalement prévu quelques cours dans un club canin. Du moins, une séance d’essai à la maternelle des chiots.
Quelques semaines après l’arrivée de Billy dans sa nouvelle maison, le voilà donc embarqué pour son premier cours collectif d’éducation canine. Comme les grands !
Même si, pour l’instant, bien évidemment, Billy est encore dans la classe des petits. 😉
Les cours d’éducation se déroulent bien.
Les conseils donnés par les moniteurs ou éducateurs du club sont intéressants.
Billy progresse bien.
Géraldine et Xavier sont aux anges.
Tout se passe dans le meilleur des mondes, canin et humain, pour ce nouveau trio.
En plus, Billy est très malin et apprend particulièrement vite, et bien.
Il retient rapidement les ordres de base : assis, couché, debout, pas bougé.
Le rappel et la marche en laisse sont un peu plus compliqués, mais globalement, pour un chiot, c’est déjà très bien.
Puis…
Les semaines passent…
Géraldine et Xavier sont alors de nouveau bien accaparés par leur travail. Même si, bien sûr, ils consacrent toujours beaucoup de temps à leur compagnon à 4 pattes.
Billy a bien grandi aussi. Son caractère et son comportement se sont modifiés, au fil du temps.
Il commence à japper un peu après les vélos, les cyclistes, ou les voitures.
Mais bon, c’est plutôt marrant de voir ce petit toutou, tellement trognon, s’agacer après tous ces trucs qui courent ou qui roulent… « ça passera, avec le temps ».
Et le temps a continué à passer, bien évidemment.
Ce qui était, il y a encore quelques semaines seulement, plutôt marrant, est vite devenu, finalement, très embêtant… Billy pèse maintenant quasi 30 kgs. Il tire comme un fou en laisse.
Et surtout… Il devient quasi incontrôlable dès qu’il aperçoit un vélo, ou une trottinette !
Géraldine et Xavier ont, désormais, toutes les peines du monde à le retenir…
Alors, bien sûr, il ne s’agit là que d’un simple exemple…
Pourtant, il arrive, malheureusement, très fréquemment.
Et alors, dans ce cadre-là, on ne parle plus « d’éducation canine » mais de « rééducation canine ».
L’éducation correspond aux éléments de base, fondamentaux que l’on apprend généralement relativement tôt à son chiot, ou à son chien.
Alors que la rééducation canine, elle, intervient dans une seconde phase.
Quand déjà, des premiers apprentissages ont été faits par le canidé. Et évidemment, comme vous l’aurez compris, ces apprentissages ne sont pas ceux espérés par les maîtres !
Il s’agit donc, maintenant, d’apprendre de nouvelles choses, à la place des 1ers apprentissages.
D’où le terme « rééduquer ” son canidé.
Les troubles du comportement les plus fréquents dans la rééducation canine
Vous connaissez déjà sans doute quelques-uns de ces problèmes de comportement canin.
Peut-être en avez-vous vécu, malheureusement, avec votre propre toutou.
Voici les plus classiques :
L’anxiété de séparation
Le toutou ne supporte pas de rester seul, sans ses maîtres. Il peut japper, pleurer, hurler, aboyer, faire beaucoup de destructions, faire ses besoins.
Bref, les absences des maîtres (ou d’une des personnes, en particulier) sont perçues comme une vraie douleur pour le chien. Ainsi que pour les humains (et surtout leurs voisins !).
Ce problème devient, en effet, très très rapidement gênant pour le voisinage.
Sans parler des risques que court le chien en dévorant tout ce qu’il trouve chez lui (en allant des coussins du canapé à la télécommande, ou aux pieds de meubles…). Et des frais occasionnés par tous ces dégâts.
Le chien est en vraie situation de détresse émotionnelle. Il faut agir rapidement pour qu’il retrouve plus de sérénité, et soit mieux dans ses pattes.
Les aboiements incessants
Alors, bien évidemment que les aboiements, chez nos amis canidés, ne représentant pas un problème de comportement !
La plupart des aboiements sont simplement un moyen de communication chez nos toutous.
Mais selon la fréquence, l’intensité, le son également (plus ou moins aigu par exemple !) de ces aboiements, cela peut très rapidement devenir une réelle gêne pour la famille du toutou. Ainsi que l’entourage proche (voisinage).
Même si cela est très souvent le cas, pour les aboiements, c’est assez clairement les maîtres qui sont à l’origine de ce « problème ».
En effet, les maîtres des toutous, quasi systématiquement s’il y a problème, ont, bien malgré eux, renforcé ce comportement.
A la base, l’aboiement du chiot, ou du chien, n’était peut-être que communication, ou mauvaise gestion de la frustration, ou excitation… Et cela a, probablement, été renforcé par les humains, « à l’insu de leur plein gré », comme le dirait un cycliste bien connu ;-).
Le chien peureux
Les vétérinaires comportementalistes distinguent, généralement, 3 stades de peur chez le chien.
Stade 1 :
le toutou présente une peur face à un déclencheur précis (ou une famille de déclencheurs). Par exemple, le chien qui a peur des pétards. (Phobie)
Cette peur se manifeste alors par une fuite possible, une inhibition, des tremblements, une hypersalivation…
Stade 2 :
stade 1, associé à une anxiété permanente, ou quasi, y compris en dehors du stimulus considéré (le canidé reste en état d’hypervigilance, ne parvient pas à s’adapter à un nouvel environnement)
Le stade 2 de la peur reprend les mêmes manifestations que celles du stade 1, auxquelles peuvent s’ajouter une malpropreté, le fait de manger la nuit, un léchage compulsif, des destructions ou vocalises lors de l’absence des maîtres…
Stade 3 :
heureusement, ce stade-là est rare. Et beaucoup plus grave.
Le canidé est clairement en état d’urgence vétérinaire. En état de dépression.
Il ne bouge plus, ne s’alimente plus. Ne boit pas, et fait ses besoins sous lui.
Le chien réactif
Un chien est dit « réactif » lorsqu’il va « se transformer » en une sorte de petit gremlins quand il va apercevoir un certain type de stimulus ! 🙂
Par exemple, si votre toutou se met à tirer comme un fou, japper, sauter, grogner, quand il aperçoit, au loin, un autre chien, alors on dira qu’il est « réactif congénères ».
S’il adopte ce genre de comportements (aboiements, excitation, grognements…) quand un humain profile le bout de son nez à l’horizon, alors on dit que le canidé est « réactif humains ».
Notons que ces troubles du comportement peuvent apporter de l’agressivité.
Dans cette partie, nous venons d’évoquer, rapidement, quelques troubles ou problèmes de comportement, que peuvent présenter nos amis poilus.
Ceux-ci, qui ne sont déjà pas exhaustifs dans cet article, sont à distinguer des troubles de développement.
Eux, se sont cristallisés durant le développement du chiot (alors que les troubles du comportement non, ils ne concernant qu’un comportement, pas le développement même du jeune canidé).
Ils sont, en règle générale, beaucoup plus délicats à appréhender.
Ils peuvent être améliorés, mais pas complètement traités.
Il s’agit de :
- le Syndrôme de privation sensorielle
- le Syndrôme de dissociation primaire
- le syndrôme d’hyperactivité-hypersensibilité (HA/HS) – Attention, très « à la mode » actuellement. Heureusement, beaucoup de soit-disant cas ne sont que de chiots à qui il faut apprendre à gérer leurs émotions !
- la dépression de détachement précoce
Les origines possibles des troubles du comportement canin à rééduquer
Ah… Nous voilà arrivés à un passage qui ne vas pas faire plaisir aux maîtres des toutous…
Mais allons-y quand même !
Il est bien évident qu’une très grande majorité des troubles du comportement canin ne vient pas des toutous eux-mêmes… Mais plutôt de…
Vous avez deviné ?
Eh oui ! De nous, les humains !! 😉
Très involontairement, et le plus souvent sans en avoir la moindre conscience bien sûr, nous avons créé, et/ou renforcé, les « mauvais » comportements des canidés.
Soit via des mauvaises décisions, des mauvaises réactions.
Soit, tout simplement, via nos propres émotions.
Vous voulez un loulou calme, tranquille à la maison ? Qui n’aboie pas toutes les 5 minutes ?
Alors soyez vous-même zen ! Vous verrez, cela aura un grand impact sur votre toutou ! 🙂
Mais heureusement, il y a aussi certaines autres causes aux difficultés comportementales de nos canidés.
Voyons lesquelles :
Des problème de santé
Une douleur (arthrose par exemple, dermatite…), un dérèglement hormonal (notamment la thyroïde) peut engendrer des réactions agressives chez les chiens.
Alors, un premier très bon réflexe est d’aller consulter votre vétérinaire, pour écarter toute cause physiologique.
Les caractéristiques innées de votre chien
On ne peut pas nier que, selon les races canines, puis les individus eux-mêmes bien sûr, de grosses différences de comportement existent.
Ainsi, certaines races seront plus prédisposées à la prédation, ou à la réactivité. D’autres à l’anxiété.
D’autres à la fugue.
Mais surtout, ne tombez pas dans le piège de l’extrême !
Ces facteurs génétiques doivent simplement être pris en compte dans l’éducation, ou la rééducation de votre toutou. Mais ne peuvent en aucun cas servir d’excuses pour ne pas l’éduquer, ou abandonner tout espoir de réussite dans la rééducation. 😉
Les auto-renforcements
Un toutou qui a l’occasion de mettre en oeuvre, régulièrement, un « mauvais » comportement (du point de vue humain bien évidemment !) et qui lui apporte quelque chose de bon, va alors s’auto-renforcer dans ce comportement. Qui va alors se cristalliser, et s’amplifier.
Par exemple, un canidé laissé seul dans son jardin, qui s’ennuie, qui déborde d’énergie, va, une première fois, courir après un passant qui marche devant son portail.
Cela l’aura probablement amusé, défoulé.
Et donc, que va t’il faire la prochaine fois ?
Eh bien, recommencer bien sûr !
Et la fois suivante… Et ainsi de suite… Jusqu’à ce qu’une solution soit mise en place par ses maîtres.
La non satisfaction des besoins fondamentaux du toutou
On ne le répétera jamais assez !
Une énorme quantité de problèmes comportementaux chez le chien provient tout simplement du fait qu’on ne répond pas suffisamment à ses besoins essentiels !
Exercices physiques, travail mental, mastication… Sont fondamentaux pour la plupart des canidés !
En offrant déjà cela, quotidiennement, à son canis lupus familiaris, on réduit de manière drastique le risque de problèmes comportementaux !
L’inconstance ou l’absence de règles à la maison
Eh oui… Tout toutou a besoin de repères, de règles précises, claires, qui sont suivies et respectées par tous les membres du foyer.
Attention, aucun rapport entre « règles à instaurer » et « hiérarchie » ou « dominance/soumission ».
Non, du tout.
Simplement quelques règles à fixer. Celles que vous voudrez en fait. Mais que tout le monde devra suivre.
Est-ce que le chien a le droit d’aller dans toutes les pièces ?
Où est placé son couchage ?
Peut-il quémander à table ? Sinon, où doit-il aller pendant les repas ?
A t-il droit au canapé ?
…
Quelles solutions pour rééduquer les chiens ?
Pour régler les difficultés comportementales de nos toutous, il existe plusieurs techniques.
En préambule, il sera bon de garder à l’esprit un principe.
Celui de Thorndike :
- Tout comportement ayant engendré une réponse agréable aura tendance à se reproduire.
- Tout comportement ayant engendré une réponse désagréable aura tendance à être évité.
- Tout comportement n’ayant engendré aucune réponse aura tendance à disparaître.
Je ne vous présente pas, ici, toutes les solutions de rééducation. Mais seulement les plus simples à mettre en oeuvre.
La désensibilisation
Technique principalement utilisée dans le traitement des phobies.
Elle consiste à exposer, très progressivement, le toutou au stimulus déclencheur. Tout en s’assurant qu’il arrive bien à gérer ses émotions.
Cette solution fonctionne très bien, à condition de ne surtout pas exposer le chien au déclencheur en dehors des périodes de travail.
A faire chaque jour, durant quelques semaines. 3 ou 4 fois par jour, durant 5 à 10 minutes.
Le contre-conditionnement classique
Ici, on va tout simplement remplacer la signification d’un stimulus, par un conditionnement classique.
En fait, on va changer l’émotion du toutou.
L’exemple classique est le chien qui saute sur les visiteurs, après la sonnette.
Si on donne alors au toutou, juste après la sonnette, une très bonne friandise (qu’il apprécie tout particulièrement), alors on va créer, si on répète cette opération très régulièrement et systématiquement au départ, un nouveau réflexe chez le canidé.
Il ne se précipitera pas pour sauter sur les visiteurs, après la sonnette. Mais pour venir récupérer sa friandise !
Le contre-conditionnement opérant
C’est le même principe que le contre-conditionnement classique, mais c’est l’étape du dessus en termes d’apprentissage.
Dans cette solution, l’idée n’est pas de « simplement » associer un nouveau réflexe à un stimulus. Mais de remplacer un comportement gênant, par un comportement visé.
Si on reprend l’exemple du chien qui saute sur les visiteurs après la sonnette. Alors dans cette technique, plutôt que de lui donner une méga friandise, on pourrait lui apprendre à aller se coucher dans son panier.
Bien sûr, il faut procéder par étape.
Tout d’abord, apprendre cette commande (aller au panier, dans notre exemple), hors déclenchement du stimulus.
On apprendra donc cela au toutou, au calme, tranquillement à la maison.
On l’associera, dans un 2nd temps, à la sonnette. On renforcera ce bon comportement, avec une très belle récompense, quand le toutou ira « spontanément » dans son panier, quand la sonnette retentira.
L’extinction
Ici, on va essayer de faire disparaître le stimulus qui déclenche le mauvais comportement. En espérant pouvoir le faire suffisamment longtemps, pour que le toutou ait le temps de laisser disparaître son mauvais comportement…
Par exemple :
on débranche la sonnette suffisamment longtemps (minium 3 semaines), pour espérer que le chien n’aboie plus quand elle retentira de nouveau.
Ou on ne donne plus rien à table au chien (qui vient quémander) jusqu’à ce qu’il comprenne qu’il n’y a plus d’espoir à avoir… Et qu’il arrête de quémander.
Petit bémol de cette technique : elle ne sera pas efficace sur tous les comportements. Tous ne pourront pas « s’éteindre ».
Mais on peut déjà les atténuer. 🙂
C’est déjà bien…